Musée gallo-romain
Installé depuis 1990 dans un bâtiment contemporain, le Capitole, le musée gallo-romain constitue un lieu de visite remarquable. Il présente en exclusivité les collections issues d'une vaste agglomération gallo-romaine localisée au nord de la commune, à l’emplacement du village médiéval disparu « Oedenbourg », détruit durant la guerre de 30 ans.
Découvrir le musée
Le site antique se déploie sur 200 ha, au nord du territoire rauraque dont la capitale est Augusta Raurica et doit son importance à sa situation stratégique privilégiée, face à l’oppidum gaulois du Mons Brisiacus, à un point de franchissement du Rhin et au carrefour de nombreuses voies de communication.
L’intérêt et le fort potentiel archéologique du site ont suscité un programme de recherches d’envergure qui a bénéficié du concours d’une équipe internationale constituée de l’université de Fribourg en Brisgau et de l’université de Bâle. Ces fouilles ont permis de mieux comprendre l’origine et l’organisation de l’agglomération antique.
Parcourir les collections
Le musée offre un panorama de la civilisation gallo-romaine et de la présence militaire à Oedenburg, au travers de la richesse de ses collections permanentes, provenant de fouilles archéologiques et de découvertes fortuites anciennes. Quatre espaces thématiques, complétés par de nombreux panneaux explicatifs, jalonnent le parcours muséographique, permettant d’aborder les collections sous différents aspects.
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Aux origines d’Oedenburg, l’armée
Intérieur du musée gallo-romain à BiesheimDès la 1ère décennie de notre ère, un complexe religieux est édifié au sommet d’une paléo-île graveleuse du Rhin, bordée de paléo-chenaux. Cette zone sacrée, délimitée par un enclos, concentre des sanctuaires de type indigène.
Deux camps légionnaires, installés sur les bords inondables du Rhin, se succèdent au Ier s. ap. J.-C. Le choix de cet emplacement est motivé par la présence d’un chenal navigable donnant accès direct au lit principal du Rhin. La présence de l’armée, moteur du développement économique des provinces de l’Empire, sert de base à la romanisation de la région et notamment des territoires sur la rive droite du Rhin. La conquête des Champs Décumates signe l’abandon définitif du camp en 75 ap. J.-C.
Parallèlement à l’implantation du 1er camp, un habitat civil se déploie sur des terrains échappant aux inondations, au carrefour des 2 voies principales. Cette agglomération va s’établir durablement et se développer de manière autonome après l’abandon du 2e camp.
L’occupation de l’Antiquité tardive (IVe-Ve s. ap. J.-C.) est marquée par un relais routier pour accueillir les voyageurs (praetorium) et un palais impérial fortifié établi sur une butte, témoigne du dispositif de défense de la frontière rhénane menacée par les incursions des populations germaniques.
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Parcourir les collections
Garnitures de ceinturons militaires du IVe s. ap. J.-C.La fonction militaire constitue un aspect primordial, la présence de l’armée étant à l’origine de l’implantation du site. La fouille des camps légionnaires a livré une multitude d’éléments appartenant à l’équipement des fantassins : éléments de cuirasse, de casque, de ceinturon, d’armes telles que pilum, poignard, glaive, plumbata etc. En outre, la présence militaire est matérialisée par de nombreuses tuiles légionnaires estampillées, imprimées de la marque et du nom de la légion productrice.
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Les rites funéraires
Dépôt funéraire d’une sépulture féminine du VIe s. ap. J.-C.La nécropole, partiellement fouillée en 1983/1987 par l’Association d’Histoire et d’Archéologie de Biesheim, rend compte des pratiques funéraires en usage dans la région au cours des 5 premiers siècles de notre ère. Les rites funéraires sont évoqués par la reconstitution d’une inhumation en cercueil, des urnes à incinération, des offrandes funéraires, ainsi que par un remarquable sarcophage en grès, intact, orné d’une riche décoration géométrique gravée, imitant une draperie.
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La religion
Figurine du dieu MercureIndissociable de la présence de l’armée, les pratiques religieuses sont matérialisées par une série de statuettes en bronze à l’effigie de divinités du panthéon gréco-romain : Mars, Mercure, Bacchus, Hercule… Une des caractéristiques du site d’Oedenbourg, est l’introduction précoce des religions orientales ramenées par les légionnaires et les marchands revenus d’Orient. Cette évolution spirituelle est révélée par une statuette d’Isis trouvée en contexte militaire, ainsi que par la présence sur le site d’un sanctuaire dédié au dieu Mithra.
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La vie quotidienne
Vaisselle en céramique des camps militaires / Figurine de chouette / Cruche en bronzeLa diversité des objets domestiques et artisanaux découverts à l’occasion des fouilles archéologiques, permet d’appréhender le quotidien de la population indigène, au travers notamment de la parure, des soins du corps, des ustensiles de médecine, des jeux, de la vaisselle, des pratiques artisanales, etc.
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Les œuvres incontournables
Figurine de la déesse Isis-FortunaL’intaille figurant l’empereur Commode
Ce bijou, exceptionnel par ses dimensions et la qualité de sa gravure, constitue la pièce maîtresse des collections du musée. La scène finement gravée représente l’empereur Commode chevauchant un cheval cabré et foulant au pied un prince germain qu’il terrasse de sa lance. Datée du IIe s. après J.-C., la pierre est montée à l’époque mérovingienne en épingle vestimentaire, sertie d’une plaque en or et agrémentée de trois cabochons en pâte de verre.
Le lingot d’argent
Parmi les pièces majeures du musée, on compte un lingot d’argent rarissime. En forme de double hache, il porte deux poinçons qui confirment son caractère officiel. Cet objet a été fabriqué à Naissus (Niš en Serbie), centre de production d’objets en argent. L’une des marques certifie le poids de l’objet, l’autre garantit la pureté et l’origine du métal. Il correspond à une récompense exceptionnelle accordée par l’empereur à un corps de troupe ou à un vétéran, en guise de commémoration d’un fait militaire ou d’une victoire.
La statuette d’Isis-Fortuna
Témoin de l’introduction des religions orientales dans la plaine du Rhin supérieur, cette statuette d’Isis en argent doré posée sur un socle en bronze, provient du camp militaire. Elle est reconnaissable à sa coiffe composée de cornes de vache enserrant un disque solaire, et aux attributs de la déesse : corne d’abondance et rame de gouvernail.
Le dépôt votif
Cette fosse à offrandes du IIe s. après J-C., est issue de la zone sacrée des temples. Elle contenait plus de 90 vases miniatures associés à des offrandes alimentaires coûteuses. L’ensemble déposé sur un bûcher recouvert de peaux de chèvres, s’est effondré dans une fosse lors de sa combustion.